Gestion de la grippe aviaire au centre de soins CSFL
Vendredi 20 janvier 2023 : le Centre de Sauvegarde pour la Faune en Lorraine reçoit une mouette rieuse provenant de Hagondange qui avait été déposée à la clinique vétérinaire Arc-En-Ciel à Yutz. L’oiseau a été rapatrié par une bénévole jusqu’au centre de soins le jour même.
L’animal présentait une grande faiblesse et maigreur ainsi que des troubles neurologiques : mouvements répétitifs de la tête et incapacité à se tenir debout ; symptômes révélateurs d’une grande quantité de maladies, dont le virus Influenza aviaire, qui a déjà sévi auparavant sur la faune sauvage pendant plusieurs mois.
Ces symptômes ont tout de suite alerté l’équipe de soins, en vigilance permanente quant à la sélection dans la prise en charge des oiseaux de la faune sauvage. L’animal était suspecté d’être porteur du virus.
Pour information, les symptômes pouvant être observés sont les suivants :
– Des comportements inhabituels (tremblements ou manque de coordination, torticolis)
– Enflure autour de la tête, du cou
– Yeux fermés
– Manque d’énergie ou de mouvement.
– Toux, éternuements ou difficulté à respirer.
– Diarrhée.
– Mort en 24-72h
Le virus Influenza aviaire est incurable et très contagieux, portant atteinte à de nombreuses espèces d’oiseaux.
L’équipe a dû entreprendre non sans difficultés de nombreuses démarches auprès des autorités. Pendant ce temps, l’animal est resté confiné à l’intérieur du carton de transport dans une zone à l’extérieur du centre afin de préserver les animaux en soins.
L’issu de cette journée sera la suivante : après examen par l’équipe de soins (munie d’équipements de protection individuel), les symptômes s’avéraient être étroitement associés à la grippe aviaire. L’état de faiblesse avancé de l’animal le condamnait à une mort certaine. �Les autorités ont demandé à ce que l’animal soit euthanasié par un vétérinaire. Un agent de l’Office Français de la Biodiversité est ensuite intervenu afin de récupérer le corps de l’animal dans le but de procéder à des analyses.
Dès le lendemain, sur la totalité du week-end et ce tous les jours jusqu’au 05 février 2023 : nous avons enregistré une moyenne de 5 appels par jour provenant de particuliers se retrouvant face à des mouettes rieuses présentant des symptômes similaires, sur les départements du 57 et du 54.
La décision a été la suivante : refuser la prise en charge des oiseaux aquatiques, toutes espèces confondues, car elles partagent un environnement étroit avec les mouettes rieuses. Les oiseaux d’autres milieux étaient toujours acceptés après une étude très précise des circonstances de découvertes.
Le centre de soins ne pouvait pas prendre le risque de faire entrer un animal potentiellement porteur de la grippe aviaire, qui pourrait contaminer les animaux déjà présents. Le résultat sombre aurait été de devoir euthanasier les animaux et de fermer définitivement le centre de soins.
Nous nous retrouvions dans l’impasse totale, ne pouvant pas apporter de solution de prise en charge des mouettes rieuses malades.
Deux cas de figure :
L’animal est décédé : un local a été mis en place pour le dépôt des oiseaux morts. Ces animaux ont ensuite été analysés.
L’animal est vivant : il est nécessaire d’isoler l’animal et d’attendre qu’il décède.
Des explications et des consignes sanitaires permettant d’éviter la propagation de la maladie ont été transmises aux particuliers.
Le responsable capacitaire a alerté les autres centres de soins de France, par le biais du réseau national. Après discussions et partages d’informations, il s’avérait que plusieurs cas similaires sur des mouettes rieuses ont été remontés, notamment dans la partie Est de la France.
En parallèle, l’équipe du Centre de Sauvegarde pour la Faune en Lorraine s’est rendue sur le lac d’Hagondange, d’où ont été relevé une quantité importante de cas. Un constat effarant devant nos yeux, plusieurs dizaines de cadavres de mouettes rieuses sur les berges et plusieurs dizaines présentant des symptômes neurologiques graves, que nous avons jugés différents en fonction des stades d’avancement de la maladie. Nous avons estimés à une soixantaine de décès par jour.
Quelques jours plus tard, les résultats sont tombés : il s’agissait bien du virus Influenza aviaire.
Mercredi 8 février 2023 : nous avons été contraints par arrêté préfectoral, ordonné par la Direction Départementale de la Protection des Populations de fermer nos portes à tous les oiseaux de la faune sauvage. Des cas de test grippe aviaire ayant été positifs sur des espèces telles que le pigeon domestique, le chardonneret élégant ainsi que certains rapaces. C’est désormais toute l’avifaune qui est concernée.
Nous restons en alerte et à l’écoute des personnes qui découvrent des oiseaux en détresse. Nous vous rappelons que dans ce contexte particulier, il est interdit de transporter, de récupérer et de détenir tout oiseau de la faune sauvage.
Toutefois, il est conseillé d’appeler l’Office Français de la Biodiversité (OFB) pour signaler la découverte d’un oiseau mort ou contaminé par la grippe aviaire. Veuillez ne pas jeter les cadavres dans la nature ou dans votre poubelle pour ne pas propager le virus qui est toujours transmissible une fois l’animal décédé.
C’est un réel crève coeur pour les membres de l’association qui ne peuvent plus accueillir et soigner les oiseaux de la faune sauvage. Cependant, nous continuons à prendre en charge les mammifères, reptiles et amphibiens.

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